dimanche 30 octobre 2011

Deux îles, deux catastrophes

Mayotte et La Réunion font parler d'elles dans les J.T. métropolitains. Il y a d'un côté un mouvement social dur contre la vie chère et de l'autre un incendie violent. Dans les deux cas, nul ne sait quand cela va s'arrêter. Dans les deux cas, les conséquences auront un impact durable.
A Mayotte, une manifestation contre la vie chère s'est transformée en mouvement social paralysant toute l'activité économique depuis cinq semaines. Ce n'est pas la première fois que la population exprime son mécontentement contre la vie chère. Les syndicats qui rêvaient de reproduire un scénario à la Gouadeloupéenne depuis des mois ont martelé leur message dans une période favorable : le mois des grands mariages immédiatement suivi du mois du Ramadan puis de la rentrée scolaire a vidé les comptes en banque des foyers. La manifestation a donc rassemblé un jour, puis deux puis plusieurs. A chaque fois, le jeune préfet dont c'est le premier poste, sur l'île depuis un mois, veut rétablir l'ordre républicain et la liberté de circulation. Mal lui en a pris. La rancœur s'est focalisée sur son action et a attisé la violence. Néanmoins, les négociations se poursuivaient. A près quinze jours de blocage total de l'île (magasins fermés, routes barrées, entreprises sans salariés) on imaginait la signature d'un accord. Seule F.O. l'a signé sentant un dérapage du mouvement, manipulé par des leaders syndicalistes radicaux dont l'un se présente aux prochaines législatives ! Depuis cette date et dans les trois semaines qui ont suivi, les barrages se sont multipliés, des magasins ont été pillés et brulés, des automobilistes rackettés, des clients qui cherchaient à acheter, molestés et des travailleurs priés fermement de sortir de leurs bureaux. Les jeunes qui devaient reprendre le chemin des écoles ont poursuivi leur vacances sur les routes remontant ici un barrage (souvent un manguier centenaire abattu le long de la route) que les forces de l'ordre déblayaient là, caillassant sans distinction, police, gendarmerie, pompier et ambulance. Les leaders politiques, incapables de se situer par rapport au mouvement n'ont d'abord pas pris la mesure de ce qui se déroulait (déplacements hors de Mayotte au Danemark, à Madagascar....) puis ont voulu soutenir la contestation avant de se taire face aux excès. Et puis il y a eu un mort dans des circonstance floues. Probablement bientôt érigé au rang de martyr des combattants contre la vie chère, il était plus certainement tranquillement en train de boire une bière à la buvette du coin et s'est retrouvé par hasard au milieu d'une bataille rangée. Les chefs d'entreprise ont mis un actif du privé sur six au chômage technique et se demandent s'ils vont survivre à un mois de chiffre d'affaires nul dans un contexte de crise économique et de retards de paiement des collectivités représentant plusieurs mois et années d'activité.
Une lueur de sortie de conflit parait pour cette semaine. Les magasin sont rouverts pour nourrir la population  lassée qui avait faim et un négociateur vient de métropole renforcer le médiateur déjà nommé mais rejeté (les syndicalistes en demandant un médiateur ont cru recevoir un envoyé du gouvernement aux poches pleines). Il y  a moins de cent manifestants chaque jour et des jeunes aux barrages sur toute l'île. Chacun à Mayotte retient son souffle pour que le début de semaine soit celui de la fin du conflit mais personne n'irait parier un euro la dessus tant la stratégie syndicale s'élabore au jour le jour et la population est versatile.
A la Réunion, la situation est hors de contrôle depuis une semaine. L'incendie s'est déclaré sur les hauts de l'ouest. Attisé par le vent soutenu, plusieurs foyers d'origine criminelle ont brulé près de 2700ha soit 1% de la suface de l'île. Les flammes ont ravagé une partie du parc national de la Réunion récemment déclaré patrimoine de l'humanité et foyer d'une faune et d'une flore endémique unique. C'est une des richesses de l'île qui part en fumée. Les pompiers luttent d'arrache pied dans des zones difficilement accessibles et très sèches alors que la saison des pluies débute à peine. Épuisés, ils viennent de recevoir le renfort de 172 collègues de métropole. La polémique enfle sur les matériels disponibles en particulier sur le manque de moyens aériens. Les Réunionnais fustigent la décision du préfet de ne pas faire intervenir un bombardier d'eau de la métropole comme l'an dernier. Les réseaux sociaux s'enflamment eux aussi ! La colère est à la hauteur de l'impuissance. Décidément, en période de crise, il n'est pas bon être le représentant du gouvernement. Les pompiers ne sont pas optimistes pour les heures qui viennent...Personne ne peut dire comment va évoluer la situation sur les multiples fronts de flammes. Certains invoquent les esprits et dansent pour que la pluie tombe. D'autres en appellent à un rassemblement pacifique ce lundi pour faire pression et obtenir plus de moyens.
Mayotte, La Réunion, deux îles meurtries de l'océan Indien, deux populations qui ont le sentiment d'être laissées à l'abandon par la métropole dans des situations qui les dépassent. Les relations avec les territoires d'outre-mer sont décidément complexes. Au delà, c'est sans doute la notion même de nation, une et indivisible que la vie chère et les incendies mettent à mal.



vendredi 28 octobre 2011

Pour 2012, nous avons un problème !

Nous vous faisons souvent profiter des avantages de le vie sous les tropiques. Il y a quelques inconvénients que nous avons aussi quelques fois relatés.
Pour 2012, il en apparaît un sérieux que nous n'imaginions pas.
Cela faisait des années que nous n'avions pas participé à une cérémonie de mariage. Deux hypothèses : soit nous sommes peu agréables à fréquenter et donc nous n'avons pas d'amis, soit nous avançons en âge et il est l'heure des naissances parmi nos connaissances ou des divorces mais plus des mariages.
2011 nous avait pourtant alerté. Un cousin qui avait la bonne idée de se marier en juillet fut l'occasion d'aller passer une semaine en métropole pour la première compagnie. Depuis quelques semaines, des bribes d'informations, des rumeurs nous étaient bien parvenues. Nous avons eu des confirmations : toutes ensemble ou presque.
Ce n'est pas moins de cinq mariages auxquels nous sommes conviés pour l'année prochaine ! Il y a pire. Il s'agit de parcourir le monde !
Rashed a la bonne idée de se marier fin mars dans son pays natal : la Tunisie. Comme Rashed est un ami de lycée, que les amis du lycée de la Marsa y seront et que la Tunisie est presque le pays natal de la première compagnie, que la Tunisie démocratique se doit d'être visitée, la motivation est grande pour y aller...
Douglas a la bonne idée de se marier. Il est anglais, la future est australienne. Il leur a paru simple de choisir Los Angeles en Californie pour réunir les deux parties et faire une grande fête. Douglas est un cousin qui a presque le même age que la première compagnie, il est le parrain de Gustave. Il y a aura des tas de cousins que la première compagnie n'a pas vu depuis longtemps. En 1986, la première Compagnie a été en voyage en Californie, la motivation est grande pour y aller...
Alexandre à la bonne idée de fêter son mariage début août quelque part du côté d'Aubagne. Alexandre s'est marié en catimini sans ses potes mais il a promis de faire une grande fête avec tous l'an prochain. Il tient parole. Alexandre est le parrain de Simon. Comme pour Rashed, les amis du lycée y seront, la motivation est grande pour y aller...
Émeline a la bonne idée de se marier le 18 août, jour de la fête d'LN et de la rentrée des classes à La Réunion. Émeline est la nièce d'LN et quasi sa seule famille. Elle et la première compagnie ont gardé Emeline à l'âge de quatre ans. La motivation est grande pour y aller...
Gabriel a la bonne idée de se marier à la Toussaint 2012. Comme la future est d'origine chinoise et qu'ils travaillent tous deux en Chine, il leur a paru simple de célébrer cette union à Honk-Kong. Gabriel est un cousin de la première compagnie. Il est plus jeune. Ils sont unis par la même passion pour le PSG et l'aîné a emmené quelques fois son jeune cousin hurler dans les tribunes du Parc des Princes. L'Asie est une terra incognita pour nous. La motivation est grande pour y aller...
Aller à tous ces mariages nous fait grande envie. Or nous sommes à La Réunion. Nous disons à nos amis, cousins et nièce : bravo pour vos projets, merci de nous avoir invités mais vous auriez pu vous concerter pour célébrer vos unions ! Un mariage par an pendant cinq ans aurait été idéal pour notre organisation et nos finances. Sans parler de tous les kilomètres d'avion qu'il va falloir compenser en termes de carbone dispersé dans l'atmosphère. Et quand est-ce qu'on travaille ? Parcourir le monde, faire la fête ! Voilà une conséquence inattendue de notre installation outre-mer. Nous allons devoir devenir en 2012 de vrais Jet-setteurs....si nous allons à ces mariages. A suivre.



samedi 22 octobre 2011

Chez nous pour décembre ?

La maison avance à tous petits pas...
Le carrelage de la salle de bain de la suite parentale est bloqué dans le conteneur, le plombier n'avance pas dans l'installation des éléments, le menuisier n'intervient pas de peur que son escalier soit abimé par les autres corps de métier et le peintre, surnommé Picasso intervient après tous les autres. Ne parlons pas du tout à l'égout et de l'imbroglio juridique des autorisations ni du déplacement du poteau EDF demandé depuis plus de un an !
Néanmoins, chaque semaine, il y a une petite avancée. Cette semaine, ce fut le carrelage de la salle d'eau des enfants. Nous nous en contentons. Par contrat, le construction doit nous être livrée au plus tard le 1er décembre, le  construteur sera certainement dans ce délai confortable pour lui. Il vaut mieux; nous avons donné notre préavis. Pour l'anecdote, le propriétaire nous a téléphoné pour savoir si nous partions parce que le loyer était trop et était prêt à le descendre. Il a été très surpris de savoir que nous faisions construire dans le centre de Saint-Denis. Des Z'oreilles qui marchent sur les plates-bandes des chinois et des indiens plutôt que de s'isoler dans les hauts doit être dans son esprit une dangereuse remise en cause de l'ordre établît.

dimanche 16 octobre 2011

Le Piton des Neiges domine Cilaos

Pour les premières vacances de l'année scolaire (souvenez-vous que l'année à débuté le 18 août à La Réunion), nous avions prévu d'aller à Cilaos pour monter au Piton des Neiges. Une première fois, le 12 juin , nous avions dû renoncer à partir du gîte de Bébour-Bélouve à y accéder à cause du mauvais temps et du froid.
De Saint-Denis, il faut aller à Saint-Louis. La distance est avalée rapidement en voiture grâce à la magnifique route des Tamarins dont on ne cessera de vanter les bienfaits pour l'île.
De Saint-Louis, la route longe la rivière vers le cirque de Cilaos. Quatre cents virages nous séparent du village qui se mérite. Nous nous arrêtons prendre le déjeuner au bord d'une rivière encaissée. Le village est sur un plateau au fond du cirque et au pied d'une imposante masse rocheuse en haut de laquelle règne le point culminant de La Réunion  : le Piton des Neiges.
Ce volcan, endormi, est à l'origine de l'île Bourbon il y a cinq millions d'années. Et s'il laisse aujourd'hui son cousin du Piton de la Fournaise cracher sa lave, il n'est pas considéré comme éteint. Quelques fois, la neige y tombe sans jamais y rester.
Comme nous sommes des randonneurs aimant le confort, nous passons la soirée à Cilaos avec un bon dîner créole au restaurant Chez Noé puis à l'hôtel dont la piscine avait été investie par les enfants. Le lendemain matin, le temps est beau sur le cirque et le Piton.
Nous partons du lieu dit "Le bloc" avec nos sacs sur le dos. Le chemin est en sous bois et de suite raide. Quelques points de vue nous permettent d'admirer Cilaos.
Le déjeuner est le prétexte à une longue pause pendant laquelle sandwiches au jambon ou au saumon sont avalés. Le temps se couvre maintenant. La deuxième partie de la montée encore plus raide se fait dans le nuage et le crachin. Philippine est gênée par des soucis gastriques (la glace au chocolat d'hier soir au restaurant était imposante pour son petit estomac !). Le groupe est lent et atteint le haut du rempart en milieu d'après-midi.
Quelques centaines de mètres plus loin, le gîte de la Carverne Dufour vient d'ouvrir. Les nombreux randonneurs s'y pressent pour se sécher et se réchauffer autour d'un bol de thé ou d'une Dodo. Prendre une douche est un vrai acte courageux. Faute de soleil, les ballons d'eau sont à température ambiante : quelques degrés. Un guide annonce du beau temps pour le lendemain et tous attendent le repas du soir. A défaut d'être un fameux cuisinier, l'hôte des lieux est souriant et son gîte assez confortable ayant bénéficié il y a peu de financements européens et régionaux pour s'agrandir et se rénover. La nuit est perturbée par les premiers levés qui espèrent voir le lever de soleil au Piton et partent vers trois heures trente du matin. Nous nous levons vers six heures pour découvrir le même temps qu'hier. Après quelques hésitations, Raoul, Gustave et leur père vont monter au sommet, histoire de dire qu'ils l'ont fait, le reste de la troupe reste au gîte. Équipés contre la pluie et le froid, les trois mâles grimpent sur le sentier qui est devenu un ruisseau.
On n'y voit rien à cinquante mètres. A mi chemin, un peu d'air chasse le nuage, on imagine la beauté des lieux. Il faut une heure trente pour les six cents mètres de dénivelés. Le sommet du Piton est rouge. Les deux garçons sont ravis et ont ressenti la difficulté de respirer dans l'effort à cette altitude.
 Nous ne restons guère. Le point de vue sur toute l'île est, il parait, somptueux...Nous avons rapidement froid. Nous redescendons. Les deux garçons imaginent rattraper le reste du groupe qui a dû quitter le gite pour Cilaos. Nous accélérons le pas, atteignons le gîte pour récupérer nos sacs et avalons la descente du rempart dont les derniers hectomètres se font au pas de course. Il nous aura manqué quinze minutes pour réaliser l'exploit imaginé par les garçons. Nous déjeunons au Bloc tous ensemble.
Nous avions décidé de ne pas retourner immédiatement à Saint-Denis après la randonnée. Nous avons donc profité d'un hôtel du centre, le Tsilaosa, très agréable ou après avoir usé et abusé du bain bouillonnant, nous avons apprécié thé et gourmandises au salon.  Le dîner, toujours Chez Noé, est un vrai plaisir d'accueil et de cuisine créole.
Nous quittons le cirque de Cilaos le lendemain matin pour retourner à Saint-Denis après un copieux petit déjeuner et en particulier des pains remarquables dont une miche fourrée au coco et pâte d'amande divine. En ce jour, il y a une frénésie inhabituelle au village. Les premiers coureurs du Grand Raid arrivent au check- point du stade de Cilaos. Nous imaginons leurs difficultés, nous qui avons emprunté le même chemin sur quelques kilomètres seulement. Toute La Réunion vit d'ailleurs au rythme des trois courses qui sillonnent l'île jusqu'à dimanche.
Nous avions découvert Cilaos en 2007, y retourner a été une vraie joie et comme le Piton des Neiges ne s'est pas laissé complètement admirer, il nous faudra y retourner !


samedi 8 octobre 2011

Que reste-t-il ?


Depuis trois semaines, la première compagnie est à La Réunion. Pour la première fois depuis plus de deux ans, il ne prendra pas l'avion vers Mayotte demain et entamera une quatrième semaine à Saint-Denis, suivies par quelques autres.
Fini les aller-retours, terminé le travail salarié à O.I.D.F., le centre de formation qui l'a embauché voilà près de six ans. Ce deuxième départ suscite des réflexions et sentiments nombreux.  Mayotte est d'abord une île, y vivre a été une expérience nouvelle. La nature est proche de la ville ; rapidement la forêt tropicale ou le lagon offrent leurs trésors. Il y eut la découverte de l'âme mahoraise, d'une complexité inouïe pour un occidental blanc. Malgré des heures passées au contact de stagiaires, l'entrée au plus profond des villages et des maisons, l'implication dans le football local, la vie dans un quartier typique, elle demeure mystérieuse.
Il y a bien sûr des rencontres atypiques comme Marcel, peintre de son état et amoureux des Comores. Par son travail et sa générosité, nous avons des souvenirs originaux de nos années mahoraises. Laurent, l'ami d'enfance, patron de presse, marié à une Mahoraise, père d'une Cécile métisse, incarne a lui tout seul la modernité du lieu et son avenir. Sans relâche, il œuvre pour une île meilleure et pour qu'elle retrouve dans un mode développé le paradis qu'elle fut. Marie-Paule, notre femme de ménage incarne toutes les difficultés des cousins comoriens à s'insérer à Mayotte dignement. Depuis notre premier départ, nous nous battons contre les administrations locales (caisse de sécurité sociale, de chômage...) pour qu'elle obtienne ce à quoi elle a droit. D'autres rencontres encore sont dans nos mémoires.
Il reste aussi des impressions, des milliers de photos, quelques tableaux, des niveaux de plongées, une expérience de formateur.
Cette dernière, il convient maintenant de la valoriser pour son propre compte à la Réunion. Le statut d'autoetrepreneur est déposé, quelques contacts sont noués et les premières formations programmées. Mayotte va néanmoins continuer à donner, puisque la première compagnie va y retourner pour le travail en tant qu'indépendant cette fois-ci à la fin octobre et il a réservé des plongées, histoire de ne pas se sevrer trop violemment...