lundi 8 octobre 2018

Marathon de Chicago 2018 : la moitié des marathons Majors est courue !

Courir le marathon à Chicago n'était pas dans mes plans de marathons internationaux à priori. Une discussion à l'issue de celui de Berlin l'an passée avec un français me fit découvrir l'existence d'une ligue regroupant six marathons dont celui de Chicago. Obtenir la médaille des six marathons de la ligue devient alors un objectif.
Inscrit un an à l'avance grâce au temps de qualification réalisé à Berlin, j'ai longuement préparé cette course dans mon club Deniv' avec de bons temps sur dix et un très bon semi au début juillet. J'emmène dans mon aventure sportive, deux camarades de club.
J'avais décidé d'arriver tôt à Chicago pour m'acclimater et effacer les neuf heure de décalage horaire. Chicago est une ville immense. Son centre spectaculaire est posé le long du lac Michigan.
Arrivé lundi soir, je découvre le quartier ou je réside. L'appartement est dans un maison situés entre deux quartiers : l'un black, l'autre latinos. Effectivement pendant deux jours, je n'ai pas vu un blanc. Les maisons sont plutôt jolies, pas toujours en bon état et sont symboliques de l'histoire récente de la ville de Chicago. C'était un quartier résidentiel de la classe moyenne, déserté pendant la longue crise de la ville et occupé ensuite par les minorités.
Mercredi, je vais chercher mes dalons* de course à l'aéroport. Pour m'y rendre, je teste les transports en commun qui sont efficaces, propres et bon marché.
Jeudi, il fait froid (alors que la veille il faisait chaud), il y a du vent. Je découvre le surnom de la ville "Windy town". Nous allons en bateau sur la rivière et le lac pour découvrir la ville. L'architecture est magnifique. Les différentes époques des hauts gratte-ciels se côtoient, Chicago est réputé pour son école d'architecture. A noter que la Trump Tower est la seule à afficher de façon si ostentatoire le nom de son propriétaire sur sa façade...
Vendredi, un long tour à l'expo marathon pour les dossards et les emplettes occupent notre journée.
Samedi, les filles vont courir la course des 5km dans le Loop pendant que je fais ma dernière courte séance. Pendant la demi-heure de footing au nord de notre logement, je ne croise que des afro-américains ; tous me souhaitent une bonne matinée. On est très loin de l'image caricaturale de ces quartiers défavorisés. Le reste de la journée est consacrée à se reposer, s'étirer et à préparer les affaires de course.
Dimanche, le temps est incertain, la température a chuté. Nous nous rendons dans le parc qui accueille le départ et l'arrivée, il subit le vent frais du nord-est qui vient du lac.
A 7h30 pile le départ et donné et je passe la ligne de départ à peine 7 minutes plus tard. Sachant que le GPS est inopérant au pied des grandes tours, j'attends le passage du premier mile pour connaitre mon allure : 7'26'', pile sur l'objectif ! Je laisse mon corps faire, il a intégré l'allure grâce à l'entraînement. Effectivement, jusqu'au quinzième kilomètre, il tourne comme une horloge. Le coeur est calé à 148 pulsations par minute soit légèrement en dessous du rythme théorique, sans doute parce qu'il fait frais. Il a commencé à pleuvoir alors que la longue file des 45000 coureurs s'entend vers le nord. Je bois à tous les ravitaillements qui sont nombreux. Je me sens bien sans être enthousiaste et profite peu de l'ambiance. Je gère parfaitement une légère pointe au mollet droit apparue à la poussée dans un virage. Je me détends, respire profondément et change sur quelques centaines de mètre ma foulée. La sensation passe vite.
Assez brutalement une douleur apparait au psoas gauche. J'ai déjà eu ce problème sur le marathon de  Saint-Paul. En 2014, elle était passée après 10km. Je ne panique donc pas. Si j'arrive au semi pile dans le temps, j'ai perdu la poignée de secondes d'avance. La course revient dans le centre ville ou l'ambiance est à son comble. Partout la foule nombreuse crie, agite les cloches, brandit des pancartes de soutien dont beaucoup sont peine d'humour faisant référence à l'actualité politique.
La douleur est plus intense et m'empêche maintenant de courir avec aisance. Si je me force à prendre un gel et a continuer de boire, je me suis mis en mode survie. Il s'agit maintenant de finir et d'oublier le chrono. Au 25ème, le psoas droit s'y met, sans doute pour ne pas laisser son compère seul dans son entreprise de démolition de ma course. J'ai vraiment mal et pourtant je ne trouve pas le temps long. Je tape dans les mains des spectateurs pour soulager mon esprit concentré sur mes jambes endolories. Cela me fait du bien sur tellement peu de distance que je me retrouve rapidement à me focaliser sur la seule chose importante : mettre un pied devant l'autre en courant. Il pleut à nouveau faiblement, le flots de coureurs défilent, indifférent à ma peine. Chacun est dans sa bulle dans ce dernier tiers de course. Nous passons en direction du sud, dans les divers quartiers ethniques dont le typique Chinatown ou l'ambiance ne faiblit pas malgré les mauvaises conditions météo pour les spectateurs.
Le retour vers le centre ville n'améliore pas mon état, l'allure baisse régulièrement. Au 35ème, je sais que je vais aller au bout. 40ème, dernier mile, 800m, les panneaux indiquant la distance à l'arrivée sont comme autant de bouée de sauvetage auxquelles s'accrocher. Un dernier faux plat du à un petit pont me tire un cri, j'arrive à peine à lever les genoux ! 400m, 300m, 200m, 100m et la ligne qui s'offre à mes dernières foulées. Je lève les bras car il faut accepter la vérité du jour. 3h41 et quelques secondes. Marcher jusqu'au point de rendez-vous est une épreuve terrible car le mal est là. Je serais soulagé en partie lorsque, assis, je me change pour ne pas attraper froid. Le maillot et le short sont restés humides presque toute la course, il y a peut être un lien...
J'ai couru plus vite et d'autre fois plus lentement. J'ai cinquante ans et je peux encore faire un marathon. Cette course garde beaucoup de son mystère, tout peut y arriver et c'est pour cela que je l'apprécie. Boston, New-York et Tokyo sont mes prochains objectifs.

*dalons : camarades en Créole.
 

samedi 11 août 2018

Le Marathon de la corniche 2018 : une formalité pour LN!

Parmi les exploits sportifs d'LN, il y a aussi le marathon. Avec coach Johny, l'entrainement pour le trail passe par des dix kilomètres, des semis et même le marathon qu'elle a découvert l'an dernier. Si le temps au-delà de 4h l'avait insatisfaite, courir 42,195km constitua une excellente préparation fin avril pour la course objectif que constituait le Grand Raid de La Réunion.

Que faire en 2018 après l'exploit d'octobre dernier ? Assez vite, l'idée de s'aligner sur le marathon du mois d'août s'est imposée. Il était de plus le support au championnat régional. Allons !

Parfaitement remise des 165km à travers les beautés de l'île, Ln a rechaussé les running légères pour aller vite et a retrouvé la piste de Champ-fleuri en début d'année. Quatre courses de dix kilomètres plus tard dont un fameux 10000m piste où elle finit sur le podium et a battu son record sur la distance, Ln a enchainé avec une préparation dure pour le semi-marathon de l'Etang-Salé et un parcours inédit sans voiture ! Demi-satisfaction puisqu'elle échoue au début du mois de juillet à améliorer son meilleur temps pour quelques secondes. Se remobiliser cinq semaines pour s'entrainer et espérer passer sous la barre des quatre heures au marathon, n'a pas été aisée. La fatigue était présente après de longues semaines à six séances d'entrainement.

Dans les jours qui ont précédé la course, la température matinale est montée de deux degrés et surtout quand Ln est allée chercher son dossard, elle apprend que la distance du parcours n'est pas homologuée et que ce n'est donc plus le support du championnat régional de marathon ; la course elle-même change de nom pour s'appeler "Les foulées de La Corniche".

Ln est déçue, sans sensation particulière quant à son état de forme. C'est une coureuse sans conviction qui prend le départ à six heures dimanche alors que le jour n'est pas levé. L'accompagnent dans la course trois dalons* du club.
La première compagnie la retrouve à la sortie de la route du littoral après bientôt 15 kilomètres de course, la foulée est bonne, Ln est concentrée. Elle demande les lunettes de soleil sportives. Un camarade du club la suit en vélo avec de l'eau et des barres énergétiques. Il roule derrière elle pour ne pas la gêner et ne lui parle pas, ce qui lui convient parfaitement. Régulièrement, entre deux tables de ravitaillement, la première compagnie l'attend au bord de la route et lui tend une éponge, de l'eau, ou lui lance des mots d'encouragement. Il sent que le rythme est régulier et ne regardera le temps que dans les cinq derniers kilomètres. Elle ne semble pas souffrir de la température et elle boit très régulièrement.
Quand Ln est le long de la mer à Saint-Paul, un second camarade en vélo la rejoint. Il reste dix kilomètres avec le Tour des roches dont une partie est encore à l'ombre mais dont la chaussée est en mauvais état et offre quelques faux plats qui sont terribles en cette fin de course. Ln avance toujours aussi bien, double les coureurs qui n'en peuvent plus. La première compagnie s'assure que les enfants sont à l'arrivée car il sent que cela va être bon pour être sous les quatre heures. Le coach qui en a terminé, est venu à sa rencontre pour les deux derniers kilomètres. Ln l'entend au loin porter ses encouragements. Ses deux camarades en vélo donnent maintenant de la voix car si Ln avait un peu d'avance, elle l'a en partie perdue dans le Tour des Roches. Alors elle accélère et finit fort à plus de 12km/h. Elle passe si vite que la première compagnie et les enfants la loupent à un kilomètre de l'arrivée. Ils ne la voient pas non plus finir en 3h59'20'' soit une seconde de moins en moyenne pour chaque kilomètre parcouru que l'objectif fixé ! Une course gérée de main de maître, presque parfaite en régularité qui font d'Ln la vainqueure dans sa catégorie (elles n'étaient que deux...les absents ont toujours tort) et la cinquième féminine.
Il ne manque que la qualification pour les championnats de France pour que le bonheur sportif soit entier. Trois conditions sont nécessaires pour l'obtenir : que le parcours soit homologué l'an prochain, qu'Ln passe chez les masters 2 et qu'elle réitère a minima ce même temps.



















* Dalon : camarade en créole

lundi 5 mars 2018

Dernière année avant le demi-siècle.

Ln est une privilégiée !
Non seulement parce qu'elle peut courir sans attraper froid sous la pluie tropicale;
Non seulement parce qu'elle touche un salaire coéficienté pour la gratifier de sa présence professionnelle dans ces îles lointaines de l'ancien empire français;
Non seulement parce qu'elle vit dans un des plus beaux paysages de montagne du monde reconnu par l'Unesco;
Mais aussi et surtout parce qu'elle fête plusieurs fois son anniversaire dans la semaine.

Avec sa famille à la maison puis avec les amis du club de sport devant une bonne glace.
C'est une vraie chance dont elle a su profiter avant de basculer dans son second demi-siècle de vie !


dimanche 11 février 2018

Saison des pluies...météo perturbée à La Réunion

Etrange saison humide sur notre île cette année, l'eau tombe à l'inverse des lieux habituels.
Il pleut dans l'ouest généralement sec. Il suffit d'emprunter la route des Tamarins pour en être surpris. Tout est vert même la savane d'ordinaire jaune du coté de plateau cailloux qui porte maintenant mal son nom.
Le sud est sous les trombes d'eau régulièrement. Comme la sécheresse y sévissait depuis de longues années, les habitants sont étonnés. Il ont presque oublié qu'il devait pleuvoir en ces mois d'été austral. Au Tampon et à Saint-Louis, des maisons ont été inondées. Les commentaires sont véhéments sur les réseaux sociaux condamnant ici la mairie généreuse en permis de construire, là des voisins indélicats, bâtissant un mur à l'endroit où passait dans le passé, un ruisseau éphémère lors de grosses pluies.
Lors de l'épisode cyclonique Berguitta, le sud dont les terres étaient déjà gorgées par huit jours d'averses quotidiennes a vu une quantité record d'eau se déverser alors que le nord ne subissait que quelques heures d'eau seulement. Les routes à Cilaos et au Grand Coude sont coupées par des éboulements liés aux pluies.

Cers derniers jours voient un scénario identiques se reproduire : le sud et l'ouest sont sous les eaux, le nord et l'est sont épargnés alors que cela devrait être l'inverse !
La Réunion et ses micro-climats réservent toujours de surprises qui rendent chèvres les météorologues locaux et inquiets les habitants.
Quant à nous, propriétaire dans le nord, et forts de notre expérience mahoraise (deux fois inondés à Cavani), nous avons fait élever la maison sur un vide sanitaire sensé laisser passer l'eau sous le rez-de-chaussée. Sera-ce suffisant en cas de très fortes pluies ? La Réunion possède en effet de nombreux records mondiaux en termes de précipitations.

samedi 3 février 2018

M'Toro Chamou ek bann kréol: la musique de Mayotte à la Réunion


Dans le sublime écrin de la Cité des Arts s'est produit en cette fin de jour M'Toro Chamou. Mahorais, il chante son île d'origine, les relations avec les Comores et l'amour. Sa musique est universelle. Elle mélange le M'Godro, rythme traditionnel et le rock dont il emprunte les instruments. On le classe dans la World Music. Ce soir, il était entouré de musiciens créoles. Son showcase était destiné à préparer sa prochaine tournée à La Réunion, à Mayotte et en métropole. Le public a assisté gratuitement à cette première. La quator à mis le feu à la salle du Palaxa remplie d'un public conquis et principalement composé de Zoreils Sakifo.
La première compagnie a eu plaisir à le revoir et à le réentendre. C'est Mayotte qui vient à La Réunion même si l'artiste n'y réside plus. Il est une façon dérisoire de montrer aux habitants de La Réunion que Mayotte est bien plus que ce qu'ils voient d'elle : des familles mahoraises entassées dans des logements sociaux, pratiquant une autre religion, s'habillant différemment, dont ils ne comprennent pas la langue et pour lesquelles ils ont dans l'ensemble une piètre opinion. Ce soir, la musique les a réuni.