samedi 30 novembre 2013

Transports en commun à La Réunion

La Réunion est le pays de la voiture reine.
De belles auto récentes et puissantes sillonnes les routes limitées au maximum à 110km/h. Le tunning est largement répandu et l'on croise de vraies réussites esthétiques dans ce domaine. Les rallyes automobiles foisonnent et les meilleurs pilotes sont des stars locales engloutissant une partie de leurs moyens dans la préparation de leur bolide.
La voiture est prioritaire quelle que soit les circonstances. Les organisateurs de courses à pied ne coupent jamais la circulation pour leurs événements et les conducteurs semblent ignorer les passages piétons.
Les routes sont très bien entretenues jusque dans les hauts villages isolés. La route des tamarins qui fut le plus grand chantier d'Europe pendant plusieurs années est à la fois une nécessité et la grandeur le l'île, symbole de sa modernité et de son développement..
La nouvelle route du littorale la battra largement dans la démesure : 12 km de route planant au dessus de l'eau à quelques dizaines de mètres de la côte pour remplacer l'existante soumise aux dangereuses chutes de rochers de la falaise. Le coût au kilomètre est exorbitant et, dit-on, le plus cher au monde.Son montant sera doublé comme il est d'usage dans ces chantiers gigantesques techniquement innovant et nourris de l'argent public.


Le réunionnais aime sa voiture et délaisse les transports publics. Le train a été abandonné il y a longtemps faute de rentabilité. Il reste cette vieille locomotive à vapeur à La grande Chaloupe et une Micheline qu'une association de passionnés tente d'entretenir. Le réseau des bus existe pourtant. On va partout dans l'île grâce à eux pour un tarif raisonnable. Qui emprunte ce moyen de transport collectif fiable? En simplifiant on croise les lycéens, les étudiants (de plus en plus rares), quelques travailleurs, les personnes âgées, les pauvres et les Mahorais sans permis ni voiture.
La première compagnie prend le bus quelques fois pour se rendre aux centres de formation où il dispense son savoir-faire. Ce n'est pas le cas des stagiaires. la semaine dernière, devançant la question, un apprenant arrivé en retard pour une évaluation s'excuse et précise
- Ma voiture est en panne en ce moment. J'ai attendu mon transport.
- Pourquoi ne prenez vous pas le bus ? Vous seriez arrivez à 7h45 ce matin et l’arrêt est tout proche du centre de formation.
- Je ne prends pas le bus, Monsieur ! précise le jeune avec une mou dédaigneuse.
Intrigué, il demande à ses coreligionnaires s'ils ont le même dédain pour ce mode de transport. La réponse est unanime. On se s'abaisse pas à emprunter les transports en commun. L'ascension sociale pour ces futurs titulaires d'un Titre Professionnel de niveau III se mesure à la possession d'une automobile et à l'abandon des transports collectifs où les odeurs de la plèbe se mélangent. On comprends mieux pourquoi l’électeur ne tiendra pas rigueur au Président de La Région de ne pas tenir sa promesse de financer l'achat de cinq mille bus pour faciliter le transport des habitants, réduire les embouteillages et la pollution. S'il parvient à faire démarrer le chantier de la nouvelle route du littoral, la fierté créole s'exprimera pleinement. Assis seul dans une voiture neuve climatisée achetée à crédit, sur le bandeau d'asphalte enjambant les flots en sécurité malgré la houle, le regard du conducteur portera loin jusqu'à l'entrée de Saint-Denis bouchonnée.
Plus excitant que les tunnels du Tram-Train, projet arrêté juste avant son démarrage, n'est-ce pas ?

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