vendredi 8 juin 2012

Pour qui voter ?

Une des difficultés pour le métropolitain en goguette dans les magnifiques territoires français d'outre-mer est de savoir quel bulletin glisser dans l'enveloppe pour les élections locales.
Plusieurs attitudes coexistent. L'une, la plus simple, est de considérer que l'on est que de passage, de ne pas s’intéresser aux candidats et de ne pas s'inscrire sur les listes électorales de sa ville d'adoption. Une autre est de considérer que le vote démocratique est si  important qu'il est moralement indigne de ne pas voter. On glisse alors un bulletin au hasard, plus ou moins en fonction de ses affinités politiques sans connaître le candidat. La dernière est de tenter de comprendre la politique locale pour voter avec conviction.
La tache est ardue ! Il y avait la barrière de la langue à Mayotte, elle existe aussi à La Réunion. Nous ne maîtrisons pas le Créole et les discours nous sont difficiles à comprendre. La presse se fait largement l'écho de la campagne, on y découvre les subtilités de la politique réunionnaise. Les personnes, on devrait dire les personnages, sont plus importantes que les partis qu'ils représentent. Dans certaines circonscription, les investitures ont donné lieu à des combats dans les partis sur fond de rancœurs passées. Le PCR devrait d'ailleurs payer chèrement son incapacité à calmer les velléités à la fonction de député. Une autre particularité est l'utilisation de camions sono qui sillonnent les artères des villes crachant slogans et jingles. Cet outil de campagne électorale a donné lieu à un combat judiciaire entre le maire d'une ville qui a signé un arrêté municipal interdisant les bruyants véhicules et un candidat à la députation. Bien entendu l'un et l'autre ne sont pas du même bord politique. Les invectives entre candidats sont nombreuses et les procès en diffamation font la fortune des avocats. Imaginer que ce qui se passe entre Mélenchon et Le Pen à Henin-Beaumont en termes de mots doux est le quotidien dans les sept circonscriptions de l'île sauf peut-être à Saint-Denis.

Nous votons dans la 1ère circonscription. Onze candidats sont en lice. Tous ont des suppléants de sexe opposés. Nous sommes bien meilleurs que la métropole puisque sept candidates se présentent dont deux ont de très fortes chances de passer le premier tour ! Du point de vue politique, nous retrouvons une configuration quasi métropolitaine :
- une candidate FN, look bourgeoise de Versailles, qui n'a aucune chance de perturber la droite républicaine locale pour le deuxième tour;
- un candidat vert, anecdotique vu le peu d'impact des thèses écologistes dans la culture Réunionnaise;
- une doctoresse sans étiquette et bardé de diplômes récents (un master, un master 2, un master de science po, un DESS !) qui cherche probablement à capter le vote communautaire Malbare;
- une candidate PS officielle, belle-fille du maire de Saint-Denis qui créé la surprise dans les sondages;
- un candidat PS dissident;
- un candidat PCR, un Vergès qui tente de se faire un prénom;
- une candidate Lutte Ouvrière, un candidat Front de Gauche, une candidate sans étiquette mais au programme radicalement à gauche qui nous confirment que les extrêmes se dispersent à mesure qu'ils s'éloignent du centre;
- un candidat UMP et une candidate Modem (présidente en titre du Conseil Général) arrivés respectivement deuxième et troisième dans les sondages qui tentent de se ménager pour ne compromettre pas un désistement au deuxième tour tout en marquant leurs différences pour tenter de convaincre les électeurs de les placer l'un ou l'autre en position de lutter pour le fauteuil de député.
Si l'affichage sauvage est contenu dans la ville, les autocollants pullulent en particulier ceux de la candidate du centre et principale adversaire de la candidate PS. Les services municipaux (on vous rappelle que c'est le beau-père de cette dernière qui est maire) deviennent des zélés nettoyeurs de mobiliers urbains !
Tout cela ne nous aide finalement guère à apprécier les uns et les autres pour l'intérêt de La Réunion...à moins que l'enjeu national l'emporte et que nous votions simplement pour donner ou non une majorité au nouveau Président.


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