jeudi 31 mars 2011

31 mars 2011, jour de la Départementalisation de Mayotte.

 Cela devait être un jour de fête. Pour en être, la première compagnie avait même posé un jour de congé. Mayotte est un lieu étonnant et la matinée a été surprenante...
Depuis plusieurs jours, il règne une certaine effervenscence sur l'île aux parfums. Le mot Départementalisation est le plus entendu dans les conversations. On se prépare à l'évènement attendu depuis 1958. Le programme, établi à la hâte, est affiché en grand. Les écoles et les administrations sont fermées. La ministre de l'outre-mer doit venir à défaut du Président de la République et des chefs d'Etat des îles voisines !
Ainsi donc, la première compagnie s'est levé tot, a vérifié son matériel photo, a garé sa piteuse Volvo non loin des bâtiments du Conseil Général et a commencé à se fondre dans la foule et saluant ici et là des têtes connues, patientant pour l'ouverture de la session et la mise en place de la nouvelle assemblée suite aux élections de dimanche. Les hommes sont costumés et les médailles de sortie, les femmes sont élégantes et ont adapté leurs tenues à l'évènement.

 Un écran plat a été placé à l'extérieur pour permettre aux malchanceux de voir et d'entendre l'intérieur de la salle des délibérations. De nombreuses personnalités de Mayotte sont présentes.









Il reste une interrogation. Qui va être le futur président de la nouvelle assemblée? Hier soir, une majorité avait été constituée pour renouveller le mandat de l'actuel Président. Pourtant les tractations s'étaient poursuivies dans la nuit et ce matin aucun connaisseur de la vie Politique de Mayotte n'osait s'engager sur un nom.

Presque à l'heure, le Président sortant ouvre la session, vérifie les élus présents. Ils sont 11 avec lui même sur 19...Il déclare donc que le quorum des deux tiers pour l'election n'est pas atteint et lève la séance. Les visages se figent et une clameur s'entend de la salle des délibérations et à l'extérieur. On comprend rapidement que les élus UMP et centristes ont boycottée l'assemblée car ils avaient au petit matin perdu la bataille du marchandage des voix et une nouvelle majorité s'était constituée autour du jeune élu Zaidani. La colère est perceptible chez certains, les journalistes de métropole, peu au fait de la volatilité de la vie politique locale tente de comprendre. L'édition électronique du journal Le Monde annonce rapidement sur son site le report de la départementalisation. Les déclarations fusent de la part de ceux qui sortent de l'assemblée : "On se comporte comme des africains", "Pire que l'instabilité de la Polynésie", "La honte pour Mayotte" etc...Les femmes Mahoraises venues en grand nombre, qui ont été de tous les combats pour que Mayotte reste française, entament des chants réligieux. D'autres se lachent de façon véhémente aux micros des radio et télévision.









Après une longue attente, un élu prend la parole, annonce que symboliquement car entaché de nullité faute de quorum, le vote pour l'élection du président va se dérouler. Zaidani est donc élu et proclame la suite des festivités. Dans la réalité, les bus qui devaient amener les villageois à Mamoudzou ont été annulé, ainsi que les danses prévus à l'ancienne place du marché. Plus tard, la radio annonce sur la parvis du comité du tourisme le report de la visite de la Ministre de l'outre-mer qui patientait à La Réunion. Les gens quitte la place que la Police Municipale s'empresse de vider.



Au Conseil Général, on apprend que le vote est reporté à dimanche et qu'indépendemment de celui-ci confirmée par la relecture des textes, Mayotte est le 101ème département Français. Une poignée d'élus pensant retourner une situation en leur faveur d'ici dimanche a donc gâché la fête Républicaine à laquelle était convié tous les Mahorais et a empéché l'expression d'une émotion collective sincère. La population se serait retrouvée unie le temps de la fête ayant réalisé ce sur quoi deux générations de Mahorais ont oeuvré.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire